C'est Byzance!

Rejoindre Istanbul depuis Antalya, c’est l’occasion d’essayer à nouveau les bus turcs, toujours confortables même pour dormir (à part les longs arrêts qui durent et nous réveillent). Au matin, on s’interroge sur notre heure et lieu d’arrivée, et on se rend compte qu’Istanbul est immense. La densité de l’agglomération augmente petit à petit, les villes se mêlent et on passe plus d’une heure entre la première gare routière, à l’est de la ville, et notre terminus, plusieurs kilomètres à l’Ouest. Dans tous les cas, les gares routières sont immenses et des bus vers d’autres villes attendent les passagers pour les correspondances.

Une fois dans la vieille ville, on assiste une intense industrie touristique. Antalya semble être quasi-abandonnée par les touristes à côté d’Istanbul. Mais c’est vrai qu’Istanbul semble sans limite en terme de richesse culturelle. On y a passé 3 jours, certes détendus, mais on pourrait revenir une bonne semaine et ne pas se lasser, toujours explorer cette Porte sur l’Orient.

Les premiers sites touristiques, une fois débarqués du tramway, qui apparaissent à gauche et à droite sont les rivales et tout autant impressionnantes basilique Ste Sophie et mosquée du Sultan Ahmet (la mosquée bleue).

dans le palais Topkapi la tour Galata depuis le palais Topkapi

Le Palais de Topkapi, ancienne résidence du Sultan, est un musée contenant de nombreuses belles pièces ottomanes. Le palais est réparti sur plusieurs bâtiments autour de plusieurs cours.

Je suis surtout curieux de la transformation des lieux de culte chrétiens en mosquées quand les Ottomans ont pris la main, après la fin de l’Empire Romain et Byzantin. Dans l’histoire, une civilisation prend parfois la place de la précédente en réécrivant l’histoire. L’exemple de Ste-Sophie montre que les Ottomans semblent plutôt aménager cette église en faisant cohabiter des mosaïques chrétiennes, des icônes, avec des décorations musulmanes, de la calligraphie des versets du Coran, …

L’église Ste Sophie a été sécularisée et est devenue un musée en 1934, a priori dans le courant de sécularisme d’Atatürk. Elle est sombre comme beaucoup d’églises (avec des couleurs variant de l’or au brun foncé), est bien décorée sans être autant chargée que les églises orthodoxes bourrées d’icônes. Ste Sophie est litéralement gigantesque, le dôme notamment est immense. J’apprécie le mélange des styles chrétien et musulman. Certaines mosaïques, représentant souvent l’empereur romain donnant des fonds pour l’Eglise, sont extrêmement bien conservées/restaurées.

l'intérieur de la basilique Ste-Sophie l'intérieur de la mosquée du Sultan Ahmet

En traversant le square Sultanahmet depuis Ste Sophie, on se retrouve en face de la mosquée dite “Bleue”, officiellement mosquée du Sultan Ahmet. Elle a été construite pour démontrer que les Ottomans étaient autant capables de bâtir des édifices majestueux que la Basilique Ste Sophie des Chrétiens. La mosquée du Sultan Ahmet offre des caractéristiques imposantes avec surtout ses 6 minarets. Cela a coûté au Sultan de financer un septième minaret dans une mosquée de la Mecque, qui doit être le lieu avec le plus de minarets. A l’intérieur, les décorations sont impressionnantes: en particulier la calligraphie en de nombreux endroits et l’usage de multiples couleurs (notamment bleu, vert, rouge, blanc) rendent le bâtiment moins austère que Ste Sophie (très sombre et aux couleurs neutres). Je préfère cette clarté et ces couleurs joyeuses, la calligraphie aussi, par rapport à Ste Sophie.

On a finalement peu exploré les autres quartiers de la ville. Notre vision de la Turquie aura été relativement limitée aux quartiers touristiques, on a à peine vu quelques autres rues d’Antalya et d’Istanbul. Mais le peu que l’on a vu ce sont des quartiers animés.

la mosquée bleue au bout du square Sultanahmet la nouvelle mosquée

Une expérience qui valait le coup fut le Grand Bazaar. Tel les souks et autres marchés du Moyen Orient, il s’agit de rues couvertes remplies de marchands de souvenirs en tout genre. Je m’attendais à voir plutôt un marché aux vêtements, aux épices et autres choses du quotidien. Il s’agit quasiment uniquement de babioles pour touristes, de luminaires, tapis, bols et assiettes, … J’aime surtout naviguer parmi les arcanes du marchés, dont on voit à peine le bout, les arches décorées qui encadrent notre balade. Je m’attendais à des couloirs bien plus bondés où l’on se fraie un chemin parmi la foule et les babioles empilées n’importe comment. Rien de tout ça, les étals sont bien ordonnés, presque rien ne dépasse de chaque boutique, il n’y a pas tant de monde que ça.

Le musée archéologique contenait trop de choses que l’on avait déjà vus. Il est énorme mais pas si bien rangé que l’on pourrait attendre et finalement on a préféré ceux que l’on avait vus avant.

On a choisi de faire une balade en bateau, la dernière de ces croisières que l’on a fait un peu partout - sauf à Venise, ironiquement - et ce fut une fois de plus une bonne surprise. Dans la ville la plus peuplée d’Europe et extrêmement étendue, le bateau est l’un des meilleurs moyens d’obtenir un aperçu de cette ville qui reflète l’essor de plusieurs civilisations, notamment la civilisation ottomane. On a parcouru le Bosphore vers le Nord, avec de belles vues sur la Hagia Sophia et la Mosquée Bleue baignant dans le ciel orangé du soleil couchant, on a vu la tour de Galata, le palais Dolbamahçe, le palais Cigaran lors d’un faste mariage, les deux ponts traversant le Bosphore, pour atteindre une forteresse bien conservée. Au retour, on a surtout pu voir, sur la côte anatolienne, pas mal de grandes résidences isolées au milieu de forêts, étrange zone calme au milieu de cette métropole géante. On a terminé en longeant une île surmontée d’une simple tour, la Maiden.

Voila je crois avoir un peu fait le tour de l’Istanbul que l’on a vu, un fragment de ce qu’elle a à offrir, on n’a pas visité son côté oriental ni tout un tas d’autres choses probablement intéressantes.

les domes de l'église Ste-Sophie et de la mosquée du Sultan Ahmet bains ottomans de l'église Ste-Sophie

Coin cuisine

Mais il reste à parler de la gastronomie. On n’a pas autant été gâtés en Turquie qu’en Grèce mais ça vaut largement le détour. Commençons par les boissons. Le thé servi partout, bu par les petits et les grands, à toute heure de la journée dès le petit dej jusque dans la nuit. Le café turc vraiment pas si populaire, rien à voir avec l’importance du café en Grèce.

Côté bouffe, la moussaka fut délicieuse, les aubergines fondantes et le reste des légumes - et de la viande - aussi. Le tout dans un plat brûlant sorti du four. Les kofte, boulettes de viande, sont bonnes, bien assaisonés et ne semblent pas être de la viande trop “modifiée” (notamment elles ont plus de goût que le cevapi de Budva, qui surtout étaient trop grasses). Les pide (pita), fourrées à la viande ou légumes, en forme d’oeil et avec une pâte plutôt levante sont aussi très bonnes.

Mon meilleur repas à Istanbul (dans le restaurant Mitani) fut de l’agneau avec des aubergines. Elles étaient fondantes, je pense que c’est une spécialité de si bien les préparer. Le plat fut excellent. Le service était très bon aussi.