Tunis, bleu et blanc

Pour 10 jours je viens visiter la Tunisie. Ma première balade à Tunis, dans la Médina, est très agréable. Les Tunisiens sont très à l’aise, parlent facilement (certains pour tenter d’obtenir de l’argent) et racontent leur confort de la liberté de s’exprimer politiquement en public, dans les cafés, … Dans la Médina, je suis impressionné par la beauté des bâtiments à la façade blanche et aux portes et fenêtres bleues. L’association est harmonieuse. Et surtout les portes ont des formes et motifs particulièrement réussis. Ce n’est que le début, j’ai rempli pendant 10 jours la mémoire de mon appareil photo avec des portes bleues, jaunes, recouvertes de clous formant des motifs.

Une des nombreuses portes aux motifs originaux

Après un bon repos, et pas mal de flemme, je quitte la ville pour aller à Sidi Bou Saïd pour l’après-midi. Je pensais pouvoir y aller en 1h-1h30. J’ai été très optimiste puisqu’il m’a fallu environ 2h. Les transports en commun sont lents, notamment à cause de l’étendue et de la faible densité de la ville et de la difficulté des correspondances. J’ai passé plus de 30 min à attendre le bus ou à traverser à pied le centre embouteillé. Pour sortir de Tunis j’ai pris le folklorique TGM, où se côtoient les jeunes filles des banlieues riches de Tunis qui mettent leur musique à fond, résonnant dans tout le wagon, et les lourdauds qui râlent ou draguent les filles à coup de sérénade.

Une fois à Sidi Bou Saïd, je trouve une ville particulièrement mignonne et célèbre pour ses bâtiments blanc crème aux portes et fenêtres bleues. Cela date du Bey qui a imposé cette règle d’urbanisme. Je mitraille les ruelles avec mon appareil, devant les vues harmonieuses des orangers au premier plan et ces bâtiments blanc encadrant les ruelles piétonnes. Les portes sont travaillées aussi, bleues (ou jaunes pour 2-3), avec une forme de “serrure” et portent des motifs dessinés avec des clous. Cela colle beaucoup à une image développée dans un album de Tintin, le crabe aux pinces d’or, où il traverse une ville qui ressemble beaucoup à Sidi Bou Saïd (avec des bâtiments plus hauts).

La porte jaune de Sidi Bou Saïd La villa bleue

Je traverse la petite ville et rejoins le bout, là où se trouve le célèbre café Sidi Chebaane, dit café des délices. Il y a là un panorama sur la mer, le café et le bâtiment à côté ajoutent leur ton bleu et blanc et une porte décorée à la carte postale.

Le café des délices

La Marsa, 500m après la sortie de Sidi Bou Saïd, est apparemment populaire chez les riches Tunisois. La place centrale est agréable pour un café, la mosquée au bout dispose d’un haut et grand minaret. Une promenade sert de promontoire sur la mer, à quelques centaines de mètres.

Plus proche de Tunis, toujours le long du train TGM, se situe Carthage, le coeur de la civilisation antique. Elle régnait sur le sud de la Méditerranée avant que l’empire soit conquis par Rome. Ici les ruines sont moyennement bien conservées mais on perçoit la taille et la richesse de cette civilisation. On peut voir la taille de Carthage, au bord du Golfe de Tunis, idéalement située pour le commerce méditerranéen. On voit des ruines témoignant des successives civilisations: les phéniciens, carthaginois, romains se sont succédés autour de la colline de Byrsa. Les restes des thermes romains d’Anthonin sont bien conservés et particulièrement grands. Enfin, si le musée dispose de peu d’explications, les guides touristiques sont détaillés et ayant visité le sud de l’Europe méditerranéenne l’été dernier, tout semble s’emboiter comme il faut, je retrouve les différentes civilisations ayant régné sur la Méditerranée au cours des derniers millénaires, des Phéniciens au Romains puis aux Ottomans.

Carthage

Ce soir en rentrant de Carthage en TGM, après une journée chaude, on voit le soleil descendre dans le ciel orangé à travers la porte du train ouverte, par laquelle un courant d’air s’engouffre. Cette ambiance agréable marque pour moi le début de l’été.

A l’ouest de Tunis, le musée du Bardo est grand, et riche. Il y a là de quoi émerveiller. Des dizaines de mosaïques superbement préservées, des salles entières du palais au décor travaillé, comme une coupole aux sculptures raffinées.

The "Treasures room" has gorgeous ceiling and walls, very finely carved

Le musée du Bardo c’est aussi le théâtre du terrorisme. A la suite de la fusillade, la sécurité a été renforcée. Surtout, il reste des trous dans les murs d’un escalier, comme un autre témoignage de l’histoire exposé dans le musée. Les touristes mitraillent avec leur appareil photo les impacts sur les murs. C’est impressionnant, et essayer d’imaginer que je me trouve là où deux semaines auparavant une fusillade a éclaté, là où les victimes sont tombées, donne un sentiment désagréable, un malaise difficile à décrire. Cet escalier est le seul endroit du musée où l’on voit des traces de cette fusillade, le reste est intact ou réparé.

Shooting impacts in Bardo museum - this is now a part of the history this museum conveys