Roland-Garros

Ce weekend fut beau et intense. Je ne savais qu’attendre de Roland-Garros. J’y ai trouvé une ambiance intimiste. Dans le court numéro 1, mais surtout dans les autres, le 2 ou le 3, on se croirait en tout petit comité, privilégiés. L’arbitre demande à un spectateur parmi les centaines présents de se dépêcher de s’asseoir pour ne pas perturber le match. Le silence se fait, le joueur qui sert fait rebondir la balle et l’on entend que ce rebond qui résonne dans l’arène. Ce silence est respecté presque autant que les spectateurs d’un auditorium qui se retiennent de tousser pendant que les oeuvres sont jouées. On entend tous les sons du match: les balles qui rebondissent, l’impact de la raquette sur la balle, les joueurs qui dérapent, qui laissent échapper un cri à l’impact, qui ragent, qui râlent contre l’arbitre, les arbitres de fond de court ou de lignes qui crient à la faute, le bip du filet touché. Cela fait partie du cérémoniel.

À chaque point, le public applaudit, pour redevenir silencieux avant le service suivant. Le public qui se passionne, qui retient son souffle quand un joueur renvoie une balle courte et que le deuxième doit revenir du fond du court, un léger wow impressionné quand il la frappe et qu’elle repart vers le fond, sur le côté, à côté du smasheur, pour finir dans le terrain et lui apporter un point. Le public acclame le joueur qui a réussi la performance de passer de dominé à dominant. Dans un match serré comme le Raonic-Carreno d’hier, probablement le plus beau match du weekend en terme d’échanges et en terme de jeu serré, le public a joué un grand rôle. Entre les points, on entendait des encouragements partagés, partis pris au fil du match, pour le favori, pouor l’outsider, le dominant ou dominé du set. Les cris pour Milos et Pablo se faisaient échos. Milos gagnait un point de maîtrise en enchaînant les aces et les services à 200 km/h qui déstabilisait son adversaire. L’outsider Pablo enchaînait à ramener à la cuillère des smashes dans le carré, si près des lignes que l’on retient son souffle en attendant la décision de l’arbitre.

Tous les matches vus furent beaux. Le premier simple Dames de Caroline Garcia face à la Taiwanaise Hsieh ouvrit le bal, où je découvre le tournoi, où l’on voit les coups stratégiques s’enchaîner, un coup droit pour laisser la balle danser avec la ligne, puis un revers pour faire courir l’adversaire à l’autre bout du court.

Les femmes jouent plus dans le terrain, c’est plus facile à les voir. Et les différents niveaux sont bien visibles. Si Garcia et son adversaire, puis Nishikori et Chung jouent très bien - ces deux-là ont seulement échanger des balles à gauche, à droite, avec beaucoup de puissance - les matches du dimanche, la tête de série numéro 2 Pliskova ou numéro 5 Raonic et leurs adversaires ont montré que les coups sont variés, la domination change aussi. Le mental est très important. Et tout au long du weekend, les matches vus ont offert un suspense intense. Trois des matches ont duré entre 2h30 pour les femmes et plus de 4h pour les hommes. Chaque jeu était disputé, d’avantages en égalités, les sets comptaient rarement moins de 10 jeux, puis les matches s’allongeaient jusqu’au dernier set possible. Pablo Carreno a utilisé 7 balles de match pour venir à bout de Raonic. Il a mis 4h pour y arriver. Bref, je garde de superbes images du weekend.

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